Je voulais être DJ

Je m’imagine, debout devant une foule qui danse et qui capote sa vie autant que moi sur les beats que je fais exploser dans les speakers aussi grands que moi (pis je suis grande en plus).

Sauf que dans ma tête, pour être une vraie DJ, faudrait que je fasse mes propres beats. 

Donc, apprendre à mixer, créer mes tounes, devant un ordinateur, pendant des heuuuuuures.

Ça ne m’enchantent pas tellement.

L’an dernier, je propose mes services de DJ au party de fin d’année de 6e année de mon boy.

Les kids ont capoté leur vie! Les profs aussi.

Ils ont dansé, chanté, crié, alors que mon boy m’avait presque juré craché que personne serait game de danser. 

Les profs sont tous venus me voir pour me dire que l’ambiance était malade, les lumières, les blacklights, le choix de musique. C’était leur meilleur party de fin d’année ever.

C’était cool de voir les jeunes tripper leur vie, mais moi perso, j’ai pas eu le thrill que je m’étais imaginée.

Ok…. Ça veut dire quoi pour mon rêve d’être DJ?

Ahhhhhhh, ben c’est parce que c’était pas des tounes que j’aimais!

Mes tounes pref de mes playlists, tsé.

Si je fais jouer mes playlist faites avec autant d’amour, c’est certain que je vais tripper!

31 décembre 2022.

Party du jour de l’an avec ami.e.s, je m’impose un peu comme DJ.

Même recette. 

Je mets des heuuuures à préparer 3 playlists pour la soirée. Une pour chaque étape de la soirée.

On installe le Subwoofer de mon copain. Les blacklights, les décos fluo, le kit complet.

Je crinque la gang toute la semaine avant avec le thème: Brille de milles feux. Kits de paillettes suggéré. 

Arrive le soir, je mets mes playlist, je joue à la DJ. 

J’ai même un spot spécial pour moi, avec mon ipad, le contrôle du son, toute la patante.

Je n’apprécie pas la musique qui joue parce que je suis toujours en train d’évaluer la foule pour voir si ça pogne ou pas.

Si je dois changer de beat ou si je continue avec le même beat.

Je pense à la prochaine toune, je cherche dans mes listes, mes écouteurs soudés à mes oreilles.

Je suis 0 dans le moment présent.

Mes ami.e.s viennent tous me voir:

“Viens danser!” 

“Sors de ton coin!”

Après ces soirées-là, on s’entends-tu que j’ai mis l’histoire d’être DJ sur un stage avec mes tounes aux poubelles. 

Finalement, c’est pu tant ça mon rêve…

Je fais encore des playlist, je mets encore ma musique dans les party, je vais organiser un 5@7 électro dans un parc sous peu. 

Mais je ne rêve plus dêtre DJ. 

Pas pour l’instant.

Ce que je trouve fantastique c’est que, sans faire exprès, j’ai goûté à mon rêve avec un petit morceau pour me rendre compte que finalement, c’est pas ça.

Ça s’appelle un MVP. 

Minimum Viable Product.

C’est un terme utilisé en business pour un produit qui a juste assez de features pour être utilisé par un client pour avoir du feedback rapide. Le but d’un MVP c’est d’éviter un loooong processus de développement si le produit ne fait pas la job.

‘Magine si j’avais passé des centaines d’heures pour mixer mes tounes et j’arrive devant une foule, et j’ai pas de fun.

On a tous des idées dans la tête qui ont l’air fantastique.

What if que si t’essaies, et t’aime pas ça?

What if que tu rêves à un autre métier, tu te garoches dans les études pendant des années pis arrivée la 1ère semaine, t’aimes pas ça.

What if que tu rêves d’un chalet, t’en achète un, ça coûte une beurrée, pis finalement, tu trouves ça ben trop de troubles.

What if que tu passes tes journées, des mois, des années à te dire “ahhhhh j’aimerais tellement ça…” mais que si t’essayais demain, tu garocherais ça aux poubelles direct pis tu pourrais passer au prochain test de ton prochain rêve?

What if que…